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ANNA , « BELLE AU BOIS DORMANT » DE L’AUDIOVISUEL
Par Jean Segura

 

33 tours, France, Collection Philips "Jours de France"

 

En hommage à Anna Karina, présidente du jury de la catégorie Fiction, le 1er Festival Le Cinéma de la Musique (5 au 10 décembre 2006 à Besançon) a programmé le 7 décembre dernier la comédie musicale ANNA, premier film en couleurs produit par l’ORTF réalisé en 1966 par Pierre Koralnik, avec Anna Karina et Jean-Claude Brialy, sur une musique et des chansons de Serge Gainsbourg.

Le 7 décembre 2006, au Grand Kursaal de Besançon où fut projeté le film ANNA, Pierre Koralnik et Anna Karina, qui ne s’étaient pas vus depuis de longues années, se sont retrouvés, réunis ce soir-là à l’initiative et en présence de Jean Segura.


De gauche à droite : Jean Segura, Anna Karina et Pierre Koralnik le 7 décembre 2006 à Besançon

Jean Segura avec Anna Karina à Paris le 21 février 2007

Jean Segura et Jean-Claude Brialy au Théâtre des Bouffes Parisiens à Paris le 7 février 2007

Pierre Koralnik avec Jean Segura à Paris, le 22 novembre 2006

 

45 tours Philips, France

Encadré dans le Magazine Jour de France, pour la sortie de l'album ANNA,

Article complet de Yves Salgues, janvier 1967

Photos au dos de la pochette du 33 tours Philips Jour de France

 

 

45 tours de Marianne Faithfull où figure la chanson de Gainsbourg Hier ou Demain qu'elle chante dans ANNA

 

Edition DVD, 19 juin 1999, Japon, actuellement introuvable

 

Photos tirées d'un article dans l'hebdomadaire L'EXPRESS, daté du 31 janvier-6 février 1966

 

 

Parcours d’un téléfilm maudit

Retour quarante ans en arrière : c’est le vendredi 13 janvier 1967 à 21h40 que les téléspectateurs découvrent Anna sur la 1ère Chaîne de leur poste TV noir et blanc. 

La comédie musicale de Pierre Koralnik, produite par Michèle Arnaud, fait alors l’effet d’une bombe dans le paysage audiovisuel des années 60 ; secouant la France engourdie des années gaulliennes par son côté « nouvelle vague », la photo peu académique de son chef opérateur Willy Kurant, le montage de Françoise Collin (qui monte à cette époque tous les films de   Jean-Luc Godard), une chorégraphie endiablée menée par l'américain Victor Upshaw, et les chansons aigres-douces de Gainsbourg, détonnant avec les variétés débilitantes dont les années  yéyé avaient accouché.

Les arrangements de Michel Colombier, qui dirige l’orchestre, vont donner des couleurs électriques à  la partition de Gainsbourg, déjà sous l’influence du rock d’outre-Manche.

Quant à Anna Karina, encore très marquée « Godard », elle va, aux côtés d’un Jean-Claude Brialy séduisant et désabusé, et d'un Gainsbourg railleur et cynique, dévoiler aux téléspectateurs la plénitude de ses talents : chantant et dansant Gainsbourg, tour à tour rockeuse ou romantique, comique et bouleversante, maladroite et charmante… une belle artiste.

Les apparitions surprises d'Eddy Mitchell et de Marianne Faithfull, deux chanteurs de qualité, donnent un piquant supplémentaire au film de Koralnik.

À la suite du film vont sortir un album 33 tours (septième volume de la collection Philips Jour de France) et un 45 tours, disques devenus très vite « collector », d’autant que Sous le soleil exactement, interprété par Anna Karina, est immédiatement un tube et que le titre restera, dans l’œuvre de Gainsbourg, un avant goût de ce qu’il fera plus  tard avec Bardot et Birkin. 

Ceux qui achètent l’album et n’ont pas vu le film ont alors le sentiment d’avoir raté quelque chose !

Mais une rumeur laisse entendre que le film ne restera pas coincé dans le cadre étroit de la petite lucarne et qu’une sortie en salle est prévue. Le 17 avril 1967, Anna est présenté à l’ouverture du troisième Festival de Jeune Cinéma d’Hyères.

Cependant, ni cette tentative ni d’autres n’y feront, et seuls quelques privilégiés pourront découvrir (ou redécouvrir) Anna sur grand écran à l’occasion d’improbables projections.

D’autres auront la chance, à partir des années 1990, de le (re)voir lors de rediffusions à la télévision, avec - enfin - la couleur.

Alors, Anna, film culte et maudit à la fois ? 

Faisant partie du patrimoine de l’ORTF, Anna est depuis quarante ans une pépite enfouie dans les archives de l’audiovisuel public, gardées depuis 1975 par l’INA ; une « belle au bois dormant » dont on se plait à croire qu’elle sortira un jour de son long sommeil.

Jean SEGURA

 

 

 

 

 

33 tours , Japon

 

 

Edition VHS, Japon

 

 

 

 

Doc promotionnelle pour le film ANNA, Iéna Shop Information, Japon

Voir également : Blog sur ANNA au Japon

Photos : André Béhar-Kémaloff - Photos du film : INA   

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