Le photographe d'origine allemande Fred Herzog expose à Paris une sélection de sa prodigue oeuvre avec comme thème la ville de Vancouver, la « San Francisco » canadienne à la population métissée d'européens de « Native Americans » et d'asiatiques.
Une vision documentaire qui fige dans le temps un paysage urbain voué à la transformation irréversible. On se plairait à retrouver aujourd'hui ces rues, ces maisons, ces boutiques, ces enseignes ces passants aux longs manteaux, ces enfants aux chapeaux de Mounties de fête foraine. Il extrait de la lumière saisie au gré du climat la chaleur que cette ville du nord laisse s'échapper des néons ou des vitrines surchargées de montres ou de magazines. Une vision poétique qui n'est pas sans rappeler la peinture d'un Edward Hopper, mort en 1967, à l'époque où Fred Herzog captait les couleurs d'un monde encore dans sa splendeur crépusculaire.
Le Centre culturel canadien présente, avec la collaboration
de Equinox Gallery (Vancouver), la première exposition
personnelle en Europe du photographe Fred
Herzog, artiste d'origine allemande qui immigra au Canada
en 1953. Cette première européenne fait suite à la
grande rétrospective Vancouver Photographs que la Vancouver
Art Gallery a consacrée à l'artiste en 2007, une
rétrospective qui fit événement. Les photographies de
Herzog ont été présentées à ARCO cette année par la
galerie Trepanier Baer, et ont fait l'objet de deux expositions
importantes au printemps dernier, à la Equinox
Gallery et à la Laurence Miller Gallery de New York.
Vancouver réunit une sélection d'oeuvres tirées de l'immense
corpus photographique que Herzog consacra à la capitale de
la Côte Ouest canadienne, sa ville d'adoption. On y voit le développement,
l'expansion, des projets, les gens, les lumières
extraordinaires mais aussi les côtés sombres d'une ville qui
connut un essor hors du commun en quelques décennies seulement,
et notamment grâce à l'immigration, en grande partie
asiatique. Herzog a passé plus d'un demi-siècle à déambuler
dans les rues de Vancouver avec son appareil photo. Son regard
s'est en particulier porté sur des zones un peu en marge
des splendeurs du centre-ville naissant : friperies, terrains
abandonnés, barbiers, gargotes, des lieux bondés de gens, de
certains rêves mais aussi de désillusions.
Les somptueuses images de Fred Herzog mettent en oeuvre
un vocabulaire photographique qui puise dans la tradition de
la photographie documentaire. Mais elles sont fondatrices en
quelque sorte d'un genre très prisé à Vancouver, la photographie
de rue, que plusieurs photographes « conceptuels » de
Vancouver ont formalisée en en détournant les codes et en
en refusant les ressorts lyriques.
L'utilisation très audacieuse
de couleurs vives - rare à l'époque des années cinquante et
soixante où la photographie artistique était essentiellement
en noir et blanc tandis que la couleur était réservée à la publicité
- contribue à la puissance visuelle de cette oeuvre considérable
qui constitue également un document exceptionnel
sur l'une des villes les plus fascinantes de la Côte Ouest.
Né en Allemagne en 1930, Fred Herzog émigre au Canada
au début des années cinquante et s'installe à Vancouver où,
à partir de 1953, il produit ses premières diapositives et photographies
en couleur de la ville. Herzog travaillera comme
photographe médical avant d'intégrer la University of British
Columbia (UBC) au sein du département de communication
biomédicale, et en deviendra le responsable pendant plus de
vingt ans. Il enseignera également la photographie pendant
sept ans, d'abord à la Simon Fraser University (Vancouver) et
puis à UBC.
Ce n'est qu'à la fin des années soixante que le travail de Herzog
retient l'attention du milieu professionnel de l'art au Canada.
Dans la même année, il remporte un concours du Conseil des
arts du Canada, collabore au projet Piles de N.E. Thing Co. (Iain
Baxter&) et participe à sa première exposition collective Extensions
à la UBC Gallery qui sera présentée ensuite au Musée des
Beaux-Arts du Canada et fera l'objet d'une tournée nationale.
Sa première exposition personnelle a lieu en 1972 à la Mind's
Eye Gallery (Vancouver).
Parmi ses expositions récentes, notons
: Vancouver Collects - From Sun Pictures to Photoconceptualism:
Photography from Local Collections, Vancouver Art Gallery
(2001) ; Unfinished Business: Vancouver Street Photographs
1955-1985, Presentation House Gallery, Vancouver (2003) ; Place,
Evergreen Cultural Centre, Coquitlam (2006) ; Fred Herzog:
Vancouver Photographs, Vancouver Art Gallery ; Fred Herzog:
Colour Photographs 1950's - 1960's, Equinox Gallery, Vancouver
(2007).
Les photographies de paysages urbains de Herzog font partie
de plusieurs collections publiques au Canada dont celles du
Musée des Beaux-Arts du Canada (Ottawa), de la Vancouver
Art Gallery, de la Banque d'oeuvres d'art du Conseil des arts
du Canada, du Vancouver General Hospital, de la UBC Hospital
Foundation, de l'Office national du film (Montréal) et de
Bibliothèque et Archives Canada. Herzog a également reçu
de hautes distinctions pour ses photographies médicales (Canadian
Medical Association, 1968 et William V. Gordon Award,
Ottawa, 1985).
Le catalogue de l'exposition, édité par la Vancouver Art Gallery et Douglas & McIntyre, comprenant des essais en anglais de Grant Arnold, Michael Turner et un entretien avec Fred Herzog, est disponible à l'accueil du Centre culturel canadien (152 pages, reproductions en couleur).
Centre culturel canadien
5, rue de Constantine - 75007, Paris
T. 01 44 43 21 90 - www.canada-culture.org
Horaires d'ouverture : du lundi au vendredi 10h - 18h,