RUBRIQUES DU MAGAZINE Edition Evénements Ventes Expositions Autres

 


MAI 68
CONTINUONS LE COMBAT!

Par Jean Segura


Petite bibliothèque de référence

Les années 68 Charlotte et Patrick Rotman

Quarante ans ont passé depuis cet événement qui secoua la France un certain mois de mai. L'occasion de se souvenir et de voir éclore, au rythme des décennies, pléthore d'ouvrages sur le sujet.

 

Images et textes fixent sur le papier ce que la mémoire des témoins et le travail des journalistes, historiens et documentalistes ont su réactiver de cette « la Révolution des esprits » .

 

« Révolution » qui a marqué la fin d'une époque dont les acteurs, nos parents, nos aînés, étaient engoncés dans le confort et les certitudes d'un ordre immuable ;

 

« Révolution » qui s'est inscrite dans l'histoire comme la signature de la génération d'après guerre, celle des baby-boomers, qui refusait de reprendre les codes de cet ordre établi pour inventer de nouvelles manières et d'autres raisons de vivre ;

 

« Révolution » dont - près d'un demi-siècle plus tard - certains se réclament d'être, pour les plus vieux, les pères fondateurs, et pour les plus jeunes, les héritiers ;

 

« Révolution » qui, pour ceux qui ne s'y reconnaissent pas, n'est qu'un chapitre de l'histoire dont il faudrait définitivement tourner la page. L'histoire jugera !

 

RDC a choisi de présenter quelques-uns des livres récemment publiés sur Mai 68 ainsi que sur la période agitée et créatrice des années 1960-70 ; mais aussi et de remettre en mémoire quelques autres ouvrages publiés et films produits au cours des dernières décennies.

 

Jean Segura

 

Les années 68

Par Patrick ROTMAN et Charlotte ROTMAN

Ed SEUIL, mars 2008, beau livre, 344 pages

D'autres livres et films sur MAI 68

* Mai 68 L'Affiche en héritage par Michel Wlassikoff

* Autres livres en nouveautés

* Films

* Seconde chance

Si mai 68 est aussi vivace dans notre mémoire, c'est que l'événement constitue le point d'orgue de toute une époque.

Patrick ROTMAN, écrivain, scénariste et documentariste spécialiste de la période, et Charlotte ROTMAN, journaliste au quotidien Libération, proposent dans ce beau livre de faire revivre les années qui ont encadré chronologiquement mai 68, retraçant sur des doubles pages magnifiquement illustrées, les grands chapitres de l'histoire politique, économique, sociétale et culturelle du monde tels que les Français les ont vécus entre 1965 et 1975.

 

EN FEUILLETANT LE LIVRE...

 

Tout commence avec la république gaullienne et les trente glorieuses, la société de consommation et des loisirs, l'urbanisme bétonnant de la périphérie des grandes villes, le réveil de la classe ouvrière et la crainte du péril jeune qui saisit une France encore engourdie.
Ces enfants du baby boom passent du culte des yéyés à la contestation, en se laissant gagner par le fun des groupes de rock anglais, puis par les protest songs d'outre-Atlantique.

 

Le visage de l'Amérique change dévoilant sa face sombre, celle de l'impérialisme, dans sa sale guerre au Viêt-Nam ou dans sa détermination à étouffer dans l'oeuf tout espoir de libération des peuples de l'Amérique Latine qu'elle considère comme son intouchable arrière-cour dans un climat de guerre froide permanente.

 

Sur le terrain intérieur américain, les mouvements d'émancipation des noirs non-violents et radicaux est une autre secousse qui ternit encore un peu plus l'image en « technicolor » du « pays de la Liberté ».

Face au « tigre de papier » américain, Mao ZeDong, Ho Chi Min, Fidel Castro et Che Guevara deviennent les nouvelles icônes de la jeunesse progressiste des pays occidentaux.

A l'Est de l'Europe, la dissidence gronde dans les « démocraties populaires » surveillées par l'oeil et les chars de Moscou, et où l'on voudrait bien voir l'avènement d'un socialisme à visage humain.

Parallèlement, l'ordre moral bourgeois commence à trembler sur ses bases : alors que des deux côtés de la Manche la mode raccourci les jupes, les « enfants de Marx et Coca-Cola » revendiquent le rapprochement des sexes dans les dortoirs de l'Université ; tandis que les débats sur la pilule au Parlement et la dénonciation des avortements clandestins sont les premières brèches dans lesquelles vont bientôt s'engouffrer les égéries du MLF.
Les cinéastes de la Nouvelle Vague, qui ont pris de l'avance dès la fin des années 50 en cassant la grammaire du « cinéma de papa », se battent en cette année 1968 pour sauver Henri Langlois de son limogeage de la Cinémathèque Française, par un état arrogant que rien n'arrête.
L'émancipation tous azimuts qui se propage dans la société est largement chroniquée dans les médias, notamment dans les hebdomadaires politiques qui s'étaient distingués lors la guerre d'Algérie, et depuis dans les magazines féminins et ceux plus particulièrement dédiés à la jeunesse.
Une nouvelle élite intellectuelle (dont les chefs de file s'appellent Louis Althusser, Claude Levi-Strauss, Michel Foucault, Jacques Lacan ou Herbert Marcuse) va, à travers l'héritage du marxisme, de la psychanalyse et des sciences humaines, emmener derrière elle une génération qui s'emploiera à repenser les fondements d'une société plus juste et plus moderne.
Le terreau est maintenant fertile pour que germent les prémices de la grande explosion : groupuscules gauchistes, étudiants et lycéens en révolte contre l'Académie, ouvriers las des cadences infernales et frustrés d'être tenus à l'écart des résultats de la croissance, minorités exploitées ou non reconnues, enragés de tout poil.
En France, la déflagration sera fulgurante : six semaines de manifestations géantes et de barricades à répétition, une grève générale comme jamais le pays n'en avait connue, des universités et des lycées et des théâtres occupés, une télévision en berne, un pays paralysé avec un pouvoir en déroute ; mais aussi une France qui se parle enfin à elle-même, dans les usines, dans la rue, à l'école, à la maison.
Tout autour de la planète, les temps changent et d'autres foyers de révolte s'embrasent : printemps de Prague, JO de Mexico, Universités américaines contre la guerre au Viêt-Nam et pour la défense des droits civiques, Allemagne, Italie, Japon.

La deuxième partie de l'ouvrage fleuve de Rotman et Rotman est consacrée aux années qui ont suivi 68 et comment la société s'en est trouvée transformée.  

En France, la droite s'est ressaisie et les Français ont finalement préféré le l'ordre à la « chienlit » pour reprendre le mot du Général, qui en 1969 cède son fauteuil présidentiel à Georges Pompidou : De Gaulle s'en va, un gaulliste orthodoxe mais réformateur s'installe à l'Élysée.

Chaban-Delmas, son Premier ministre tente une libéralisation de la république gaullienne avec sa « nouvelle société », tandis que le parti socialiste qui fait peau neuve au congrès d'Epinay de 1971, se désigne enfin un leader historique avec François Mitterrand, artisan de l'Union de la gauche.

Mais il est trop tard pour rattraper le train de la jeunesse qui s'invente déjà une contre-culture. À travers la musique pop dont le concert de Woodstock en août 1969 sera le point d'orgue.

À travers les fumées du cannabis et d'autres paradis artificiels nouvelles sources de plaisirs, mais aussi de détresses, voire de perdition. À travers des modes de vie alternatifs, communautés dans les grandes villes et à la campagne, retour à la vie agricole, pays exotiques redécouverts « sur la route ».

À travers l'émergence d'une nouvelle presse à l'écoute de sa génération : le quotidien Libération de Serge July parrainé par Jean-Paul Sartre et le mensuel Actuel de Jean-François Bizot (et sa bande) en tête.

La révolution des moeurs est sans doute ce qui marquera le plus la société bourgeoise après 68; société héritée du XIXe siècle que la république gaullienne pensait transmettre, sans comprendre les   contradictions qu'il y avait avec la modernisation galopante du pays et l'énergie d'une jeunesse qui refusait de s'en laisser compter.

Une révolution qui prendra plusieurs formes : émancipation des femmes et libération sexuelle, émergence de la pornographie, nudité affichée, mouvements d'émancipation des femmes, affirmation de l'identité des homosexuels.

La littérature, la chanson, le spectacle vivant, le cinéma sont à la fois le miroir et la caisse de résonance de cette libération des moeurs : Emmanuelle Arsan, Gainsbourg, Polnareff, Pasolini, Hair, le Dernier tango à Paris, les Valseuses, le Living Theater.

Tandis que le monde se transforme, les experts du Club de Rome tirent en 1971 la sonnette d'alarme sur les méfaits de la croissance et de ses conséquences négatives sur l'avenir de la planète et de ses habitants futurs: épuisement des matières premières, accumulation des déchets émissions de polluants, dangers du nucléaire, méfaits de l'urbanisation à outrance : les années 60 s'achèvent et les années 70 s'ouvrent sur la naissance d'une nouvelle science et d'une nouvelle conscience, l'Écologie.  

Jean SEGURA

 

D'autres livres et films sur MAI 68

* Mai 68 L'Affiche en héritage par Michel Wlassikoff

* Autres livres en nouveautés

* Films

* Seconde chance

Retour Haut de Page



RUBRIQUES DU MAGAZINE Edition Evénements Ventes Expositions Autres